dimanche 28 juillet 2013

Un trip de char



'La vie a beaucoup plus d'imagination que nous'. C'est une citation de Truffaut et c'est tellement vrai.
J'écris ces quelques lignes assis dans le carré du Sotize qui est attaché à un 'finger' de la marina George's Marine & Sports. Nous sommes à 12 Km à l'ouest de Kingston, Ontario. Le Sotize va rester ici jusqu'à la prochaine saison de navigation. Ce n'était pas le plan de match. Les calamités survenues dans les canaux de New York se sont chargés de foutre le bordel dans notre agenda.
Ce qui est le plus ironique dans toute cette histoire, c'est que nous avons du faire des milliers de kilomètres de voiture pour boucler la boucle.
Location d'une auto à Waterford, NY pour aller chercher le Jeep au lac Blanc, 654 Km. Retour à Waterford pour remettre l'auto louée, 654 Km. Retour au lac Blanc, 654 KM. Deux semaines plus tard, retour en pickup à Waterford pour continuer le voyage en bateau, 654 Km. Rendu à Kingston, location d'une autre auto pour aller chercher le pickup resté à Waterford, 458 Km. Retour à Kingston, 458 Km. Ajouter à cela une expédition au lac Georges et quelques autres déplacements nous donne un grand total de 3532 Km. Demain nous partons pour le lac Blanc, ça va faire un autre 460 Km à ajouter au total.
C'est la saison de navigation la plus tordue que j'aurai jamais fait.
Au mois de septembre, je vais revenir à Kingston pour hivériser le bateau et on tourne la page pour une autre année.
Fiou!


Le Sotize chez George's Marina



Le lac Ontario



Tous les autres grands lacs se déversent dans le lac Ontario. Son altitude est de 243 pieds au dessus de la mer. À titre de comparaison, le lac Supérieur est à une altitude de 602 pieds au dessus du niveau de la mer. Le lac Ontario se déverse dans le fleuve Saint-Laurent et toute cette flotte se retrouve dans l'Atlantique. Le lac Ontario est le plus petit des grands lacs mais il reste un plan d'eau important. Avec une profondeur maximale de 802 pieds, une longueur de 193 milles, une largeur de 53 milles et 726 milles de rives, il ne faut pas sous estimer ses sautes d'humeur. Un vent d'ouest  de 20 noeuds soufflant pendant deux jours va produire des vagues en face de Kingston de 10 pieds de haut. Des vagues de dix pieds sur le travers lorsque l'on suit une direction nord-sud, c'est le désastre garanti. Nous devons donc attendre une fenêtre d'opportunité pour entreprendre la traversée d'Oswego à Kingston. C'est à peu près la même distance que pour faire la traversée de Fort Lauderdale, Floride aux Bahamas. Nous sommes chanceux. Le 25 juillet, la météo NOAA annonce pour toute la journée un nordet de 5 à 10 noeuds. Habituellement le vent souffle ouest, sud-ouest sur le lac Ontario. Cette fois ci nous allons l'avoir dans le nez. Yes!


Derrière nous, la côte américaine qui s'estompe.

Oswego



Party Town!
Le 24 juillet nous arrivons à Oswego à l'embouchure du lac Ontario. Il reste une écluse à passer pour accéder au lac, la numéro 8. Les recommandations de Skipper Bob (mon gourou) sont de ne pas coucher en bas du lock 8, c'est trop exposé aux humeurs du lac Ontario. Nous restons donc entre les locks 7 et 8 pour passer la nuit. C'est une belle place. Un quai en ciment de 1000 pieds de long avec un parc tout le long du quai. Il y a plein de monde et de bateaux attachés avec des génératrices qui ronronnent. Ça trinque, ça rie et ça parle fort. Il y a comme une fébrilité dans l'air. Je pose des questions et tout s'explique. C'est le HARBOR FEST! Une partouze de quatre jours non-stop qui a lieu toutes les années à Oswego. Nous sommes mercredi et le party commence officiellement demain.
Faut qu'on foutre le camp demain matin au PC avant d'être coincés dans l'orgie.

Le mur entre les locks 7 et 8

Le Sotize derrière l'Academia. Son équipage, trois Australiens.


Le lock 8 dernier avant le lac Ontario.

Party animals

La sortie du lock 7


mercredi 24 juillet 2013

Le canal Oswego


À la sortie du lac Oneida, nous nous traînons les pieds dans Brewerton histoire d'échantillonner leur excellente pizza et d'acheter des cartes marines du lac Ontario. C'est un départ pour la prochaine écluse.
Passé le lock 23, c'est l'embranchement pour le canal Oswego sur tribord, direction nord. À 17:00h nous arrêtons à Phoenix pour la nuit. Sur mon échelle personnelle, le dock de Phoenix c'est 9 sur 10. Le quai en bois est  super clean et gratos, l'électricité et l'eau aussi. L'aménagement du coin est superbe. C'est ce que j'ai vu de mieux et il faut dire que la compétition entre les municipalités qui bordent les canaux de New York pour attirer les boaters est féroce.  Phoenix, c'est aussi le portail du canal Oswego avec le lock 1 qui est à moins de 500 pieds de nous.


Le Sotize au quai de Phoenix


Le quai de Phoenix


Dans un café de Phoenix, NY


Danielle au lock 1 du canal Oswego


Une autre vue du lock 1

Le lac Oneida



Rendus au lock 21, nous commençons à descendre.
À partir du lock 12 de Whitehall nous avons éclusé 11 fois pour parcourir le canal Champlain. Les trois premières écluses en montant, la balance en descendant.
À Troy-Waterford  nous avons changé de direction pour aller vers l'ouest en empruntant le canal Erie et avons éclusé 19 fois, toujours en montant. L'altitude à Waterford est de 14 pieds au dessus du niveau de la mer. Nous sommes maintenant à 421 pieds d'altitude.
Deux écluses plus tard, nous sommes à l'embouchure du lac Oneida. Il est 17:00h et nous attachons le Sotize au quai municipal de Sylvan Beach pour y passer la nuit. Sylvan Beach est un coin très touristique. Ils ont une belle beach de deux kilomètres de long, une 'Main Street' pleine de restos et de bars et un parc d'attractions. C'est un 'Old Orchard' en eau douce.
Le lendemain c'est un départ pour traverser le lac Oneida, une traversée d'un peu moins de trois heures. C'est un gros lac. Malheureusement, au trois quart du trajet nous commençons à voir des algues bleus. Cette mince pellicule à la surface de l'eau ne ment pas. Les locaux ne semblent pas s'en faire avec cela.


Les amis dans le lock 22 vers Sylvan Beach

Locks 11 @ 19



C'est à partir du lock 11 que l'on voit l'ampleur de la destruction que l'eau peut causer. Au lock 13, la moitié du barrage a été arraché juste à côté de l'écluse. Ils ont construit une espèce de cale sèche autour de la partie démolie pour réparer. Au lock 14 la route qui amène à l'écluse a été emportée. Un peu partout des brèches se sont ouvertes sur les bords de la rivière Mohawk. Elles ont été colmatées par des pelles mécaniques installées sur des barges géantes. Tout au long du trajet, nous croisons des machines étranges qui draguent, aspirent et déplacent de la terre et des débris. Il faut être extrêmement vigilant et faire du slalom continuellement pour éviter tous ces débris, principalement des morceaux d'arbres. Juste avant d'arriver au lock 19 nous avons cogné quelque chose de semi-immergé. Ça a fessé fort et nous avons du endommager quelque chose. J'ai vérifié immédiatement les compartiments à moteurs. Pas de voies d'eau mais de nouvelles vibrations qui sont apparues. Nous remontons le courant et le problème avec ces sections d'arbres immergées, c'est qu'elles sont toutes orientées vers les bateaux qui se dirigent vers l'ouest comme nous. Une extrémité bien plantée dans le fond de la rivière et l'autre effleurant à peine la surface. Ce sont autant d'éperons dressés qui n'attendent que  l'occasion de défoncer une coque ou arracher un gouvernail.
Je vais vérifier l'extérieur, sous la coque, lorsque la qualité de l'eau va le permettre.


La pelle


La drill


L'aspirateur


La poubelle

dimanche 21 juillet 2013

Jour deux



Samedi le 20, c'est un départ à 08:00h. Nous avons déjà fait une partie de l'escalier de Waterford. L'escalier, c'est cinq écluses d'une élévation moyenne de 30 pieds et relativement rapprochées. Nous sommes entre la trois et la quatre.
Lock 4, lock 5, lock 6, ça baigne. Lock 7 ça va. Lock 8, ça dérape. Une heure d'attente à faire des moulinettes. On voit que ça va pas bien. Les portes de l'écluse s'ouvrent une après l'autre (normalement elles s'ouvrent en même temps). Ça prends une éternité à vider le bassin.
J'ai droit à une explication de l'éclusier. Il ont perdus une phase (électrique). Comme de fait il y a deux camions avec des nacelles et des employés qui s'affairent dans les poteaux. Nous finissons par passer le lock 8 en rampant. Pas de problèmes avec les locks 9 et 10. En route vers le lock 11 une alerte météo annonce 'thunder storms' pour la vallée de la Mohawk pour la fin de la journée.
En effet, depuis une heure le vent a passablement forci et le ciel est complètement occulté par de gros nuages noirs. Notre intention était de passer le lock 11 et de s'attacher pour la nuit à l'ouest de l'écluse. La météo qui se morpionne sérieusement me fait changer d'idée. Au moment ou la pluie commence, nous passons par tribord un quai privé et je vois des personnes sur le quai qui attachent en vitesse des bateaux qui ont pris la sage décision de ne pas continuer. Nous sommes à Riverlink Park. Je fais de même. Les types sur le quai sont des pros. En un tour de main nous sommes attachés en sécurité. Nous sommes samedi soir. Il y a un live band qui va jouer toute la soirée dans le parc. Nous avons de l'électricité, de l'eau, le pumpout et un bon resto à trente pas de la rive. Pour couronner le tout, des amis piégés à Waterford comme nous sont déjà sur place. Finalement, cet arrêt d'urgence aura des bénéfices inattendus.

Prise 2



Le cadran me réveille à 03:30h du mat. vendredi le 19 juillet. Nous sommes au lac Blanc et il pleut à boire debout. Dehors, c'est noir comme en enfer. Nous repartons pour Waterford encore une fois. C'est ironique, nous nous sommes embarqués et sommes partis le 19 juin, il y a exactement un mois, de la marina Sieur de Champlain et voilà que nous remettons ça encore une fois, un mois plus tard.
Pourquoi partir si tôt? Deux heures pour arriver à Mtl, ça nous met a traverser la ville à 06:00h. Avec un peu de chance, on peut éviter l'heure de pointe et on peut être aux douanes de Lacolle à 07:00h. Quinze minutes plus tard on est aux USA.
Ça c'était le plan. Ça a merdé aux douanes. Il y avait déjà un line-up à 07:00h. Ça nous a pris une heure pour passer. J'ai de la difficulté à imaginer tous ces marins d'eau douce qui ont leur bateau stationné dans une marina du Lac Champlain et qui se tapent cette corvée tous les weekends. Pris dans le trafique pour aller au travail et encore pris dans le trafique pour aller aux loisirs. Et après on se demande pourquoi ça pète sa coche.
Nous sommes finalement arrivés à Waterford à 11:15h. Le Sotize est toujours là (j'étais un peu angoissé). Il n'a pas coulé et rien n'a été touché. Yé!
100 degrés Farenheight à l'hombre. Encore une vague de chaleur dans le coin. Un seul remède, la buvette. Après l'épicerie, c'est direction le Mac Greivy's.
Ha! La clim et une bonne bière pression. Que demander de plus?

mardi 9 juillet 2013

Ras-le-bol

Samedi 13 juillet, 05:30 du matin. Je viens de me lever et il fait déjà chaud dans le bateau. Je prépare le café comme à l’accoutumé. Les nouvelles sont toujours les mêmes. Quelque part en amont, un barrage a perdu ses vannes (arrachées par les débris). Il n’y a plus de contrôle sur le débit de l’eau à cet endroit  et le niveau de l’eau est trop haut pour effectuer les réparations. Faut attendre que mère nature se calme.
Ross, l’éclusier du lock E3 ou nous sommes prisonniers, m’a dit la veille qu’il était impossible d’évaluer le temps qu’il faudra pour que tout redevienne normal. Peut-être que la saison va y passer. C’est impossible. C’est le deuxième éclusier qui me dit cela. Je pense que les éclusiers ont reçu l’ordre de décourager ceux qui attendent encore.
Plus des trois quart des plaisanciers ont déjà rebroussé chemin par le canal Champlain, puis le lac, le Richelieu, Chambly, le Saint-Laurent, les Milles-Îles…. Certains doivent se rendre au Michigan. Deux autres à Buffalo….
Ce n’est malheureusement pas possible pour tous de rebrousser chemin. Le niveau de l’eau a monté de trois à quatre pieds dans la rivière Hudson et le Canal Champlain. Il y a un pont qui enjambe le canal Champlain près du lock C2 qui a un dégagement de 15 pieds lorsque le niveau de l’eau est normal. Il ne fait plus que 11 à 12 pieds de dégagement maintenant.  Le Sotize a un tirant d’air de 13 pieds… Et il y en a d’autres beaucoup plus gros que lui.
Le scooner en bois de 82 pieds qui a passé le lock E3 en même temps que nous et qui attend de l’autre côté du quai a un tirant d’eau de 8.5 pieds. Son skipper voudrait bien s’en aller vers le nord mais les éclusiers du Richelieu ne veulent pas le laisser passer, la profondeur garantie des écluses de la rivière est de 5 pieds. Je me rend compte qu’il se prépare à partir quand même. Je lui demande ce qu’il fait. Il va utiliser des ballons de renflouage installés tout autour de sa coque pour remonter son bateau de 3,5 pieds pour essayer de passer ces écluses. Ça c’est vraiment extrême.
Tout ça a fini par avoir raison de ma patience. Je réveille Danielle et lui dit qu’on se tire au Lac Blanc. Elle n'offre aucune résistance. Le temps a fait son oeuvre.
Ça nous a pris sept heures pour nous rendre a la maison samedi. Un autre sept heures pour revenir porter le char loué dimanche et un autre sept heures pour revenir au lac avec le char jaune de Danielle lundi.
Le Sotize fait dodo à Waterford, NY entre les locks E3 et E4 du canal Erie, attaché à un quai de béton pour une période de temps indéterminée.
Ici on suit attentivement les ‘Notice to Mariners ‘ sur le site web de la NY Canals Corp. http://canals.ny.gov

Le Sotize au repos

Un autre qui rebrousse chemin

Nous avons décidé de faire un détour par le Vermont pour revenir au pays la dernière fois. Un arrêt à Vergenne est obligatoire.

Les chutes du barrage de Vergenne sont déchainées.

La rivière est sortie de son lit.

Normalement, il faut se battre pour avoir une place à ce quai. Là il n'y a pas âme qui vive.

Le stationnement de la marina de Burlington est sous l'eau. À Westport, sur le lac Champlain, côté NY, les taquets du quai à gaz de la marina de Westport sont 16 pouces sous l'eau. C'est pas évident de s'attacher.





jeudi 4 juillet 2013

Lake Georges



Je suis jamais allé au lac Georges. Ça ne m'attirais pas plus qui faut mais après 10 jours coincé à Waterford, j'avais besoin de changer d'air.
Une soixantaine de minutes sur la 87 suffisent pour rallier la petite ville de Lake Georges  située à l'extrémité sud du lac. Sortie 19 et on se retrouve sur la 'main' qui est aussi la route 9. Ma première impression est qu'il faut être désespéré pour venir passer une semaine de vacances ici. La rue principale est une enfilade ininterrompue de motels, de restaurants, de bars, de parc d'attractions, de glissades d'eau et j'en passe.  C'est vraiment pas mon style. Nous cherchons le Motel Sundancer. Il nous a été recommandé par un plaisancier de Québec, coincé comme nous, qui avait aussi besoin de changer d'air. Nous payons un extra pour voir le lac. C'est une farce. La plupart des motels qui sont sur le bord du lac ont un accès de peut être 75 pieds chacun au lac et le reste est bâti en longueur vers la route.  Donc pour la vue sur le lac on repassera. Il fait chaud. Nous décidons d'aller nous baigner, après on ira à la bouffe. Tout est asphalte et béton. Pas un arbre, pas une plante. Nous faisons un peu de slalom pour contourner les personnes de 300 livres et plus  en bedaines et avachies un peu partout dans le stationnement et nous sommes rendus à la beach du motel. Elle fait à peu près trente pieds de large et la moitié est occupé par des quais ou sont attachées des petites embarcations. Petite saucette mais l'eau est froide et je me retrouve dans la piscine. Lorsque nous sommes prêts à aller bouffer, la pluie commence et ne elle ne lâchera pas jusqu'à ce qu'on se couche. Le lendemain, visite, shopping et on se tire du lac Georges.

Le motel

La main

Qu'est-ce que c'est sur mon balcon?



Piégés



Cela fait maintenant 10 jours que nous sommes coincés ici. Depuis notre arrivé à Waterford, nous avons réussi à avancer de 500 pieds.
Retour en arrière.
Une semaine après notre arrivé soit le 26 juin une 'Notice to Mariners' annonce que les écluses sont réparées et vont ouvrir vendredi le 28 juin à 08:00h. Sur le quai la fébrilité des plaisanciers est palpable. Le sourire est sur toutes les lèvres et ça parle fort. Nous décidons de prendre un peu d'avance sur le peloton et de passer les 6 premières écluses jeudi le 27, une journée d'avance sur la réouverture annoncée du canal. Il pleut toute la nuit du 26 au 27. Le 27 c'est un départ. Nous passons la première écluse, la E2 en même temps qu'un schooner de 82 pieds qui vient de la Floride. Pendant que nous montons dans l'écluse, le lockmaster vient nous voir pour nous dire que le canal est de nouveau fermé. La pluie de la nuit passée à crée plusieurs 'Flashfloods'. en amont. Ces inondations ont détruites plusieurs maisons, complètement submergé le réseau routier et emprisonné une centaine de personnes qui doivent maintenant être secourues. Une maison s'est même fait emporter et s'est retrouvée en bas du barrage. Une femme a disparue et deux écluses sont maintenant endommagées. Ils ont maintenant fermé les 'Guard Gates' 1 et 2 et plus personne ne passe. Nous devons sortir de l'écluse et nous accrocher au mur qui sépare la E2 de la E3 et rester là. Pas d'eau et pas  d'électricité. Tous les bateaux qui avaient eu la même idée que nous sont revenus sur leurs pas. Sur le VHF j'entends que le Mimi, un croiseur de plus de 100 pieds, qui essaie de faire demi-tour a endommagé une hélice (probablement à cause des débris submergés) et a de la difficulté à manoeuvrer dans l'étroit canal.
Trois jours plus tard, dimanche le 30 juin, Gilles et Anne louent une automobile et retournent à Montréal. Le lendemain je loue aussi une automobile pour une semaine et le 2 juillet, je me tire au Lac Georges.


Accroché au mur entre le lock E2 et E3, nous sommes presque seul.


Après l'évacuation de Waterford et environs nous ne sommes plus seuls.

Le Mimi en rade



mercredi 3 juillet 2013

Waterford


Sur la rivière Hudson en direction sud, juste avant d'arriver à Troy il y a un embranchement par tribord pour prendre la rivière Mohawk. C'est aussi le début du canal Erie avec sa première écluse le lock E2. Avant d'attaquer l'escalier (composé des écluses E2 à E6). Il est de coutume de faire une pause à Waterford, NY. Charmant petit village, tout y a été aménagé pour accommoder les plaisanciers. Quai gratuit pour 48 heures. Un peu d'électricité et d'eau. Douches, toilettes et une capitainerie pour avoir de l'information sur les environs.
Lorsque nous avons attaché le Sotize au quai de Waterford le  samedi 22 juin vers 16:00h, personne n'aurait pu deviner le piège qui venait de se refermer sur nous.


Nous sommes chanceux, nous attrapons la dernière place de disponible sur le quai municipal. Observez attentivement la hauteur du quai avec le Sotize attaché. Pour débarquer, il faut aller à l'avant du bateau et faire le grand écart.


Deux jours plus tard le quai municipal a été évacué de tous les bateaux, une bonne trentaine. Observez maintenant à quelle hauteur le niveau de l'eau est rendu.


Nous avons ici une photo de la capitainerie dont l'entrée est sur le quai municipal. Sur l'affiche à gauche, il y a une ligne jaune dans le bas. Une semaine avant notre arrivée, le niveau de l'eau est passé par dessus le quai et s'est rendu jusqu'à cette ligne.


À droite et au dessus de la porte, une petite plaque qui indique le niveau que l'eau a atteint lors du passage de l'ouragan Irene en 2011.



mardi 2 juillet 2013

Barrages



Pendant que le type de la marina fait un pumpout au Sotize, je lui fais la conversation. Nous sommes finalement sortis du canal Champlain en traversant la dernière écluse, le Lock C1. L'endroit ou nous nous trouvons est à la jonction de la rivière Hudson, du canal Champlain et du canal Erie. Nous sommes à Troy. Un mille nautique plus bas il y a une écluse que les gens du coin appellent le 'Federal Lock'. L'écluse est sous la juridiction du gouvernement fédéral, d'où le nom.
Il y a environs deux semaines un 'Flash Flood' a arraché les quais de la marina ou nous sommes. Seize bateaux de cette marina se sont retrouvés en bas du barrage. Paraît que c'est sur YouTube. Le type me dis que tous les deux ans ils ont des inondations et que tous les bateaux de la marina sont déplacés à ce moment dans le canal Erie entre les écluse E2 et E4. L'endroit est sécuritaire parce que derrière le Lock E6 il y a deux guillotines géantes qu'ils appellent Guard Gate 1 et 2 et qu'ils peuvent fermer.  Ils sont donc habitués à ce genre de situation mais il faut croire que la dernière fois ils ne l'ont pas vu venir.
Chaque lock a un barrage. Il faut faire attention.

Le barrage du lock C2

Guard Gate ouverte

Guard Gate 1 fermée


C8 @ C5


Entre les écluses C8 et C5, il y a beaucoup d'activité. Le lockmaster de l'écluse C8 nous a remis une notice qui explique ce qui se passe. La rivière Hudson est très polluée avec des BPC. Le coupable, General Electric. Elle est tellement polluée qu'il est strictement interdit de bouffer le poisson qu'on y pèche. Après un long débat entre les parties intéressées il a été décidé de ramasser le dégât et d'importantes opérations de draguage ont commencées. Des barges de 400 pieds de long ont été construites et des excavatrices transportées sur place. Un 'Processing Plant' ou l'on sépare les BPC de la boue a été installé sur la berge de la rivière entre les écluses C8 et C7 et est en opération 24 heures par jour . Le produit final qui sort de cette usine à ciel ouvert est expédié au Texas et en Ontario pour être enterré. Le ramassage de la soupe toxique au fond de la rivière va bon train. Tout ceci a des conséquences. La rivière est sillonnée par des immenses machines poussées par de gros 'tugs'. Des équipes de travailleurs se déplacent entre les chantiers dans des pontons et à d'autres endroits ce sont des plongeurs qui sont à l'ouvrage. Je suis certain que pour les plongeurs, c'est du travail à tattons. Bien entendu, tout ceci est un 'No Wake Zone' et ils y tiennent, amandes à l'appuit. Il faut être très vigilant et se tasser quand c'est nécessaire. Une signalisation spéciale a été installée. Deux losanges suspendus verticalement, il faut les passer par tribord. Des sphères, c'est par babord (je ne suis plus certain si ce n'est pas le contraire). Toute cette activité fait aussi remonter beaucoup de débris à la surface. Certains de ces débris sont juste sous la surface et étant donné que le couleur de l'eau est un beau brun chocolat, ils sont invisibles et dangereux. Un tronc d'arbre ça bousille hélices, gouvernails et même une coque.


Des débris dans le lock

Rencontre avec une barge sur le canal

Son tug




lundi 1 juillet 2013

WhiteHall



Whitehall est à 19 milles nautiques au sud de Chipman Point.
Officiellement, le lac Champlain se termine à Whitehall et le canal Champlain commence au Lock C12 de Whitehall. C'est notre première écluse du réseau de canaux de l'État de New York.
La première est toujours un peu stressante. On ne sait pas à quoi s'attendre et il y a tellement d'histoires plates sur des accidents que des plaisanciers ont eu dans des écluses. Nous avons quand même fait nos devoirs. Nous savons qu'il ne faut pas s'accrocher au mur ouest pour 'monter', les turbulences sont trop violentes. Le VHF est sur le canal 13 comme prescrit. Nous approchons des portes. La lumière est rouge, les portes restent fermées. Il y a des taquets sur un mur  à babord. Je m'approche pour attacher le Sotize et les hauts parleurs s'animent 'Do not tie down to that wall'. D'accord, je cancelle la manoeuvre.  Je transmet nos intentions au lockmaster sur le VHF. Les portes s'ouvrent et nous entrons. Un voilier  du Québec qui s'est arrêté à une marina juste à coté de l'écluse demande de l'attendre. Les portes se referment, il devra attendre le prochain éclusage. J'aurais fait la même chose. Le passage du lock C12 se fait sans accrochage. Nous montons jusqu'au lock C8. Passé le lock C8 les aides à la navigation sont inversées et nous allons commencer à descendre.
Lock C12, WhiteHall, NY

Gilles au travail

Danielle aussi

Les portes du lock



Chipman Point


Chipman Point, c'est à l'extrémité sud du lac Champlain tout près du Fort Ticonderoga (anciennement Fort Carillon, un fort français). À cet endroit il y a une petite marina, la Chipman Point Marina. D'après mes observations, je dirais que le vieux couple propriétaire de la marina sont des anciens hippies. Pourquoi? Il y a d'abord l'endroit. Les bâtiments historiques qui bordent la rive sont des anciens entrepôts de pierre construits à une époque ou le lac était la voie de transport principale pour acheminer les denrées nécessaires à l'effort de colonisation vers l'ouest  et plus tard le matériel militaire dédié à la guerre de 1812. Les installations de la marina sont dans ces bâtiments. Les poutres ont été écaries à la hache et les plafonds et planchers sont en madriers non planés de formes et de dimensions disparates. Entrer dans ces bâtiments, c'est comme voyager dans le temps. Ensuite, il y a l'attitude de ces gens. Lors de notre première visite, il y a quelques années, nous voulions aller visiter le Fort Ticonderoga. Il n'y avait pas de transport maritime comme annoncé alors ils nous ont prêté leur automobile sans frais. Ils ont un comptoir pour vendre de la crème glacé mais personne pour servir. Une affiche au mur renseigne sur la procédure à suivre 'Take what you want and leave the money on the counter'. Ce n'est pas quelque chose que l'on voit souvent.
C'est pour toutes ces raisons que nous avons choisi cet endroit pour arrêter avant d'attaquer le Canal Champlain.


Un entrepôt historique de la marina

Le Sotize à Chipman Point


Burlington



Cap plein sud, nous nous rendons jusqu'à Burlington avant de déclarer la journée terminée. Une fois attachés à un mooring en face de la capitainerie je met à l'eau l'annexe, un pneumatique Brig tout neuf.

C'est mon troisième pneumatique en sept ans. Mon expérience avec les pneumatiques Zodiac a été un véritable désastre. Les pneumatiques que Zodiac fait fabriquer en Chine sont de la cochonnerie. Le premier que j'ai acheté, j'ai passé trois ans à le rapporter au vendeur pour qu'il essaie de le rendre étanche. Peine perdue. Le second, de la même génération, a commencé à exiber les mêmes symptômes que le premier après seulement une semaine d'utilisation. À la fin de la désastreuse saison nautique de 2010 qui a vu le Richelieu sortir de son lit, je l'ai entreposé à la maison pendant deux ans. Je l'ai sorti de la boule à mites au printemps cette année et une heure après l'avoir gonflé, il était complètement à plat. Ça m'a fait comme péter ma coche et j'ai ramassé ma machette et fait une bonne séance de défoulement sur l'engin. Puis je suis allé acheter autre chose. En ce qui me concerne, Zodiac c'est terminé. Cette compagnie a perdu son nom.

Une fois rendus à terre, c'est la douche et un bon hamburger au resto de la capitainerie. De retour au Sotize, nous entamons le processus de réduction de notre réserve d'alcool jusqu'à une heure indue. Pas de crainte de déranger les voisins, nous sommes presque seuls en ce début de saison.
Le lendemain, départ à 09:00h. Destination Chipman Point.

Les douanes



La marina Sieur de Champlain est située entre les douanes canadiennes et les douanes américaines dans un espèce de nomansland géopolitique, une longueur de la rivière Richelieu d'environs un kilomètre à l'embouchure du Lac Champlain. Nous partons de la marina direction sud vers le lac Champlain. Après dix minutes, arrêt obligatoire au quai des douanes américaines. Les officiers des douanes sont très relaxes et courtois. C'est la routine habituelle. Ils nous demandent si nous avons des agrumes et du mouton à bord. C'est défendu d'importer ces produits. Les tomates et les poivrons, ça va mais il faut qu'ils soient coupés en tranches. Puis viens la question de l'alcool et moi comme un épais je lui débite l'inventaire. Vingt six bouteilles de vin, quatre bouteilles de cidre, quatre vingt dix canettes de bière et six quarante onces de spiritueux. Comme un sphinx, sans aucune réaction il m'écoute. Puis lorsque j'ai terminé il me dit avec un grand sourire que je n'étais sans doute pas au courant mais nous n'avons droit qu'à une seule bouteille d'alcool par personne. Long moment de silence. Regard oblique à mes compagnons de voyage. Puis, abrupte changement de sujet, il me demande notre destination. Nous devons descendre au sud du lac Champlain puis emprunter le réseau de canaux du 'State of New York'. Là, il y a une nouveauté. Le douanier me dit qu'il faut cette année une 'Cruising License' pour descendre plus bas que le lac Champlain et m'explique que tous les jours je dois me rapporter a un 'Customs and Border Protection Officer'.
C'est un peu comme un ex-bagnard qui doit se rapporter à son officier de probation. Ça fonctionne le premier jour puis je me met à oublier une journée, deux jours,... puis je rappelle et il faut tout recommencer. Ils ont déjà tous oublié mon histoire.

Faux départ


Faux départ

Je suis assis dans le carré du Sotize à pianoter sur la tablette. À quelques pieds de moi, une famille d'outardes bouffe du gazon et chie sur le trottoir de béton des étrons gros comme le pouce. Il est sept heures du matin et la réalité de la chose est que nous sommes coincés dans le village de Waterford, NY, USA depuis neuf jours et encore pour un période de temps indéterminée.



Retour en arrière de trois semaines.
Cela fait deux ans que le Sotize dors sur ses blocs de bois dans le parc de la marina Sieur de Champlain. Cette année nous sortons le bateau. Les rénovations importantes que j'avais à faire à la maison au Lac sont terminées et les contrats à la pige aussi. Le Sotize est en manque de TLC et c'est à son tour de se faire bichonner. Pendant dix jours je fais des réparations et des modifications qui vont améliorer sont confort et son autonomie.
Dix jours difficiles de camping dans une tente roulotte installée à côté du bateau. C'est du camping de luxe mais  avec la pluie et le vent qui ne veulent pas arrêter, ça use.
Finalement nous mettons le bateau à l'eau samedi le 8 juin. J'ai loué un slip à la marina pour une semaine, le temps de régler les derniers détails.
Surprise! Il y a une fuite d'eau en quelque part dans le réduit ou toute la plomberie est concentrée. Après enquête, je découvre que le réservoir à eau chaude est percé. Pas de bol, faut sortir le réservoir à caca pour atteindre le réservoir à eau chaude. Et en plus, il est plein à 30%. Jouer dans le système des eaux grises est vraiment pas un cadeau. Après trois jours de shopping dans les marinas avoisinantes et de travail de spéléologie dans le réduit à plomberie le problème est réglé.
Aller-retour au Lac Blanc une dernière fois pour régler les derniers détails puis c'est un départ mercredi le 19 juin direction sud.